Les femmes peuvent elles-mêmes réaliser leur frottis dans le cadre du dépistage du cancer du col de l’utérus
Le cancer du col de l’utérus peut être dépisté aussi efficacement sur un frottis effectué par les patientes elles-mêmes que sur un frottis pratiqué par un médecin. C’est la conclusion d’une étude du WIV-ISP publiée aujourd’hui dans la revue The Lancet.
Auto-prélèvement pour le dépistage du cancer du col de l’utérus : avantages
Lors de l’examen de dépistage du cancer du col de l’utérus, le médecin prélève traditionnellement, à l’aide d’une petite brosse, des cellules de la muqueuse utérine. Ces cellules sont ensuite transmises à un laboratoire pour y être analysées.
Pour l’article publié aujourd’hui dans le magazine The Lancet, les chercheurs de l’Institut Scientifique de Santé Publique (WIV-ISP) ont étudié si le dépistage était aussi efficace lorsque les femmes réalisaient elles-mêmes leur frottis. « Les femmes qui se font dépister de leur propre initiative le font généralement trop souvent. En revanche, on remarque un pourcentage considérable de femmes qui ne se soumettent à aucun test de dépistage. En donnant la possibilité à ces dernières d’effectuer elles-mêmes leur frottis, on pourrait augmenter le taux de couverture du dépistage et réduire, à terme, le nombre de cas de cancer du col de l’utérus », explique le Dr Marc Arbyn, auteur principal de l’article en question et épidémiologiste spécialisé dans le cancer auprès de l’Institut Scientifique de Santé Publique (WIV-ISP).
Cancer du col de l’utérus
Le cancer du col de l’utérus est, dans le monde, le troisième cancer le plus fréquent chez la femme. Chaque année, environ 500 000 nouveaux cas sont diagnostiqués et 250 000 femmes meurent de la maladie. Un dépistage précoce peut considérablement réduire la mortalité associée à ce type de cancer.
Presque tous les cas de cancer du col de l’utérus sont provoqués par certains types de papillomavirus humain (HPV). Le HPV est l’infection sexuellement transmissible la plus répandue. La plupart du temps, le virus disparaît spontanément, mais, s’il persiste, il peut former des lésions locales au niveau du col de l’utérus. Ces lésions peuvent être dépistées grâce à un frottis et être traitées avant l’apparition d’un cancer invasif. Le test HPV est une alternative à l’examen microscopique du frottis.
Auto-prélèvement pour le dépistage du cancer du col de l’utérus : encore un long chemin à parcourir
Pour déterminer si un test HPV réalisé sur des cellules « auto-prélevées » était aussi précis que sur un frottis pratiqué par un médecin, les chercheurs du WIV-ISP ont analysé (en collaboration avec huit autres instituts de recherche) toutes les études portant sur les tests de dépistage du cancer du col de l’utérus et leurs caractéristiques, publiées dans le monde entre 1990 et 2013. Ils ont combiné les résultats de 36 études pertinentes dans une méta-analyse en vue de tirer des conclusions sur la question. « Les résultats montrent que le test est souvent moins sensible lorsque les femmes effectuent elles-mêmes leur frottis que lorsqu’un médecin le réalise. Dans certains cas, le test est également moins spécifique, ce qui risque d’inquiéter inutilement des femmes en parfaite santé », indique le Dr Marc Arbyn, auteur principal de l’article et épidémiologiste spécialisé dans le cancer auprès de l’Institut Scientifique de Santé Publique (WIV-ISP).
Il existe différents tests HPV et différents instruments d’auto-prélèvement. L’étude a également révélé que certains tests (PCR**) étaient aussi sensibles sur des frottis pratiqués par les patientes que sur ceux pratiqués par les médecins. Cela signifie que le cancer du col de l’utérus peut être aussi bien dépisté grâce à un autofrottis que grâce à un frottis réalisé par un médecin ou un gynécologue si l’on a recours à certains tests PCR. Selon le Dr Marc Arbyn, cela nous ouvre de belles perspectives : « Il nous reste maintenant à mettre à l’essai différentes combinaisons de tests HPV et d’instruments de prélèvements individuels et à trouver quelles combinaisons donnent d’aussi bons résultats que les tests faits par un médecin. Les scientifiques pourront alors décider, sur la base de cette sélection, quel combination est le plus adapté et de quelle manière il doit être utilisé dans la pratique. »
Références
Arbyn M*, Verdoodt F*, Snijders PJF, Verhoef VMJ, Suonio E, Dillner L, Minozzi S, Bellisario C, Banzi R, Zhao F-H, Hillemanns P, Anttila A. Accuracy of human papillomavirus testing on self-collected versus clinician-collected samples: a meta-analysis. The Lancet Oncology 2014. DOI: 10.1016/S1470-2045(13)70570-9.
* Chercheur au sein du groupe « Epidémiologie du cancer », intégré au service « Etude des soins de santé » de l’Institut Scientifique de Santé Publique (WIV-ISP).
Cette unité se consacre, depuis plus de dix ans, aux revues systématiques et aux méta-analyses dans le cadre de la prévention et du traitement des cancers provoqués par le papillomavirus. Elle s’est également attelée, dans le passé (2008), à la mise en place d’un guide européen sur le dépistage du cancer du col de l’utérus. Le service travaille aujourd’hui, en collaboration avec le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), à l’élaboration de nouvelles recommandations pour le dépistage du HPV et la vaccination contre ce virus.
** La PCR (Polymerase Chain Reaction, ou réaction en chaîne par polymérase) est une technique de test qui permet de copier en grand nombre du matériel génétique. En augmentant la quantité de matière disponible pour l’analyse, cette méthode améliore la précision du dépistage du cancer du col de l’utérus.
Contact
Dr Marc Arbyn
Épidémiologiste spécialisé dans le cancer, service Étude des soins de santé
Institut Scientifique de Santé Publique (WIV-ISP)
02/642 5420