04 déc 2018 18:49

La Déclaration « Talanoa » du BENELUX veut donner un élan à la politique climatique

Les chefs d'État et de gouvernement ont ouvert hier le 24e sommet des Nations unies sur le climat (COP24) à Katowice, en Pologne.
 

Les deux défis majeurs de cette COP sont les suivants :

1. l'adoption de règles concrètes pour une mise en œuvre correcte de l'Accord de Paris (le « Paris Rulebook »), par exemple en ce qui concerne les rapports d'avancement portant sur la réalisation des obligations de l'Accord, la forme des futurs plans climat, etc. ;

2. la conclusion du Dialogue Talanoa par une phase politique, laquelle devra mettre en garde les Parties à l'Accord de Paris, les appelant à inscrire leurs efforts dans les objectifs de Paris en vue de maintenir la température mondiale sous les 2 °C par rapport au niveau préindustriel ou de limiter le réchauffement à 1,5 °C.

Au cours de la phase préparatoire du Dialogue Talanoa, de nombreux pays, groupes de pays, autorités locales, organisations internationales, centres de connaissance et autres parties prenantes ont organisé en 20w18 des « événements Talanoa », afin d'alimenter les discussions politiques durant la deuxième semaine de la COP.

Les réponses de tous les acteurs aux 3 questions posées dans le cadre du Dialogue Talanoa (« Où en sommes-nous ? Quels sont nos objectifs ? Comment y parvenir ? ») ont été regroupées sur le site du secrétariat des Nations unies sur le changement climatique et synthétisées par les présidences de la COP23 (Fidji) et COP24 (Pologne) (https://talanoadialogue.com). Ces analyses, visions et solutions proposées). Elles contribueront à alimenter le dialogue politique de la semaine prochaine à Katowice. Le rapport du GIEC publié en octobre sur les effets d'une élévation de température de 1,5 ° C occupera aussi une place particulière dans ce dialogue.

La Belgique, en tant que présidente de l'Union du BENELUX en 2018, a pris l'initiative d'organiser, conjointement avec les Pays-Bas et le Grand-Duché de Luxembourg, un Dialogue Talanoa du BENELUX. Durant ce dialogue, qui s'est tenu le 24 septembre dernier, des représentants de la société civile, des entrepreneurs, des centres de connaissance, des administrations, etc. ont échangé leurs points de vue sur un renforcement de la collaboration entre les trois pays dans le cadre d’une transition vers une société climatiquement neutre.

Les résultats de ce dialogue, riche de nombreuses idées concrètes et qui incite à la poursuite de la collaboration au sein du BENELUX, ont été présentés aux représentants des gouvernements des trois pays du BENELUX. Ils serviront de point de départ pour la suite de la coopération BENELUX (cf. https://www.climat.be/fr-be/news/2018/dialogue-talanoa-entre-pays-du-benelux/).

Entre-temps, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg ont également préparé une déclaration politique commune dans le but de mettre en exergue la volonté des trois pays d'entamer la transition vers un futur bas carbone. Cette Déclaration Talanoa du BENELUX a été signée par les ministres Marghem (BE), Wiebes (NL) et Dieschbourg (LU) et a été déposée hier aux Nations unies (https://unfccc.int/documents/185119).

Par le biais de cette déclaration politique, les trois pays confirment l'importance du Dialogue Talanoa en tant qu'étape majeure vers la réalisation des objectifs de Paris et, par conséquent, vers la réalisation d'une économie neutre en carbone. Ils appellent tous les pays à présenter aux Nations unies des plans climat renforcés (les Contributions déterminées au niveau national - CDN) d'ici 2020. L'Union européenne est quant à elle appelée à revoir sa CDN d'ici 2020 et à en faire l'annonce lors de la COP24.

Les pays du BENELUX invitent dès lors la Commission européenne à examiner, dans les trois mois qui suivent la clôture du Dialogue Talanoa, les options visant à renforcer les CDN européennes, de manière équilibrée, transparente et équitable, et à s'accorder sur un trajet à long terme vers la neutralité carbone.

La Belgique, les Pays-bas et le Luxembourg confirment aussi leur engagement à préparer, d’ici 2020, des stratégies nationales à long terme, notamment en tenant compte du récent rapport du GIEC sur les répercussions d'une hausse de 1,5 °C de la température. Les parties prenantes sont elles aussi conviées à préparer leurs propres trajets de décarbonisation.

La Déclaration porte également une attention spécifique au rôle du secteur des transports (y compris l'aviation et la navigation internationales), au financement de la transition, au rôle des investissements publics et privés et d'un prix carbone dans ce contexte (en tenant compte des aspects socio-économiques), aux synergies de transition vers une économie circulaire, etc. Les pays du BENELUX ont souligné que la politique climatique peut contribuer de façon significative à la croissance économique et à la création d'emplois, mais que les éventuels impacts socio-économiques négatifs dans certains segments de la société et de l’économie doivent bénéficier d'une attention suffisante. Le développement durable, une transition juste pour les travailleurs, mais aussi les droits de l'homme, les droits des peuples indigènes et l'égalité des genres sont autant d'éléments essentiels dans ce contexte. Les pays du BENELUX ont convenu de poursuivre le dialogue et de créer une plate-forme ouverte afin de promouvoir les échanges entre eux et avec l'ensemble des parties prenantes, aux niveaux technique et politique.

La Déclaration sera présentée par les ministres Marghem, Wiebes (Pays-Bas) et Dieschbourg (Luxembourg) au cours de la deuxième semaine de la COP24 à Katowice.

Plus d’informations :

- La Déclaration: https://unfccc.int/documents/185119.

- Peter Wittoeck, chef du service Changements climatiques : +32 478 24 13 35

CONTEXTE : LE DIALOGUE TALANOA

En 2018, les Parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques doivent faire le bilan de leur lutte contre le réchauffement climatique. Il s’agit de la dernière étape d’un cycle quinquennal d’évaluation qui vise à mesurer les efforts réalisés depuis l’Accord de Paris de 2015 et à réviser les ambitions.

Les dialogues « Talanoa » ont débuté le 1er janvier 2018 avec ces deux questions : où en sommes-nous et quels sont nos objectifs ? Le cycle des dialogues se terminera en décembre lors du segment ministériel de la COP24 qui aura lieu à Katowice en Pologne. « Talanoa » est un mot issu de la culture fidjienne. Il désigne une pratique traditionnelle de réconciliation dont l’objectif est d’échanger, de comprendre le point de vue de l’autre et de prendre les décisions les plus favorables aux deux parties. Cette forme de dialogue renforce la confiance et permet d’arriver plus rapidement à un accord. Plus d’informations sur https://talanoadialogue.com