L’Agence belge de développement Enabel ouvre un bureau en Jordanie
Enabel a signé hier avec la Jordanie l’accord officiel lui permettant de lancer des activités dans le pays. Celles-ci s’inscrivent dans un programme régional de l’Union européenne, qui entend renforcer, dans quatre pays de la région, la résilience tant de la population réfugiée syrienne que des communautés d’accueil.
« Je suis particulièrement heureuse de l’engagement pris par Enabel pour offrir des perspectives aux réfugié·es syrien·nes et renforcer leur position au sein de la société », dit la Ministre de la Coopération au développement Meryame Kitir. « La crise en Syrie dure depuis bien trop longtemps déjà. Les personnes ne peuvent pas demeurer tributaires de l’aide humanitaire uniquement. Les efforts que nous déploierons permettront de renforcer ces personnes»
Cela fait des années déjà que la Jordanie subit de plein fouet les conséquences du conflit syrien : c’est en effet l’un des pays de la région qui accueille le plus grand nombre de réfugié·es. Cette situation pèse notamment sur le système éducatif et d’autres services publics. Non scolarisé·es, bon nombre de réfugié·es ne trouvent pas de travail et leur intégration s’avère difficile. En partenariat avec de petites et moyennes entreprises, les réfugié·es et les jeunes défavorisé·es se voient offrir une formation professionnelle spécifique qui répond aux besoins du marché du travail local. Cela accroît dès lors leurs chances de décrocher un emploi ultérieurement.
« Nous nous réjouissons tout particulièrement de ce nouveau partenariat, » nous confie depuis Amman Jean Van Wetter, Directeur général d’Enabel. « Nous avons mis en place des projets similaires en Ouganda et en Palestine, et c’est la même recette gagnante que nous appliquerons ici aussi. En Ouganda, nous avons déjà formé 12.000 personnes de cette manière, et 65 % d’entre elles ont trouvé un emploi par la suite. Nous avons également reçu de nombreux rapports positifs faisant état d’une meilleure intégration et d’échanges entre les réfugié·es et les communautés d’accueil à mesure que les tensions entre eux disparaissaient. Nous sommes totalement convaincu·es que cela créera une dynamique positive ici aussi. »
Concrètement, grâce à un financement européen et en collaboration avec des instituts et des ONG locaux, Enabel formera 2.000 réfugié·es syrien·nes et jeunes Jordanien·nes défavorisé·es, principalement dans le nord du pays (Irbid, Marfaq et Amman), notamment dans le camp de réfugié·es de Zaatari.
L’accent est mis sur l’apprentissage en milieu professionnel, les réfugié·es et les jeunes acquérant alors une véritable expérience pratique sur le lieu de travail, au sein des entreprises. Ce mode de travail se solde par un accord de coopération entre les instituts de formation et les entreprises. D’une part, la qualité et la pertinence de la formation s’améliorent et, d’autre part, les chances de trouver un emploi au terme de la formation sont plus élevées. Les formations s’adressent aux travailleur·euses des secteurs de la construction, du tourisme, de l’ingénierie, de l’électricité et de la boulangerie.
Enabel ambitionne de former un millier de réfugié·es et un millier de jeunes Jordanien·nes, pour la plupart âgé·es de 15 à 35 ans, dont 70 % de femmes.
Le projet prévoit également une formation pour les entreprises participantes, afin de préparer leur personnel à encadrer les jeunes dans les meilleures conditions.
Cette action de l’Agence belge de développement s’inscrit dans le cadre d’un programme régional européen d’appui, d’une durée de trois ans, qui est lancé en Jordanie, au Liban, en Irak et en Turquie, et qui est mis en œuvre conjointement avec quatre autres agences européennes de développement. À travers une mise en commun de l’expertise européenne, l’UE ambitionne de répondre à la crise persistante dans la région.
« La signature de cet accord de coopération nous permet de démarrer à présent les activités. Qui plus est, cet accord nous fournit également un cadre institutionnel jordanien en vue de mener à bien dans le futur d’autres projets pour le compte de donateurs non belges, » conclut Van Wetter.