Réaction faisant suite à la publication dans les médias de chiffres relatifs aux infections nosocomiales
Après avoir pris connaissance d’articles portant sur les infections contractées dans les hôpitaux (ou infections nosocomiales) publiés ce matin dans plusieurs journaux belges, l’Institut Scientifique de Santé Publique (WIV-ISP) tient à recadrer les choses et à rectifier les chiffres erronés avancés. La prévalence moyenne des infections nosocomiales en Europe s’élève ainsi non pas à 3,5 %, mais bien à 6 %. Notre pays se situe donc plus ou moins dans la moyenne.
Les chiffres présentés dans les médias sont issus d’une étude de prévalence du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). Or, cette étude ne livre qu’un instantané du nombre total de patients atteints par une infection associée aux soins dans les hôpitaux participants lors d’une seule journée (en 2011).
Le nombre et le type d’hôpitaux ayant pris part à l’étude, et donc aussi leur représentativité à l’échelle nationale, varient fortement d’un pays à autre, d’autant plus que la participation se faisait sur une base volontaire.
Il convient, par conséquent, de faire preuve de la plus grande prudence si l’on se met à comparer les pays participants. Il est ainsi dangereux de réunir dans un même classement des pays qui présentent de sensibles différences en termes de pourcentage de participation, de représentativité des institutions étudiées, de type d’hôpitaux (taille, caractère universitaire ou non, etc.) et de degré de gravité des cas (case-mix en jargon).
Les chiffres relatifs à la Belgique révèlent qu’en 2011, au moment de l’étude, environ 7,1 % (minimum 6 % et maximum 8 %) des patients souffraient d’une infection contractée à l’hôpital. Ce pourcentage se situe non loin de la moyenne européenne de 6 % (et non de 3,5 % comme apparu dans la presse). Ces chiffres sont également proches de ceux mis en avant dans le cadre d’une étude similaire menée par le KCE en 2007, qui estimait à 6 % le pourcentage de patients atteints par une infection nosocomiale. Le léger écart peut sans doute s’expliquer par les méthodologies différentes des deux études. Il ne faut surtout pas y voir une soudaine montée en flèche des infections nosocomiales dans notre pays.
Enfin, nous tenons encore à souligner que le chiffre de 2625 décès imputables à ces infections (et non 3000 comme avancé dans la presse) ne repose pas sur des données du registre de mortalité, mais bien sur une projection statistique réalisée sur la base de la littérature et d’études de cohorte spécifiques. Ce chiffre est donc également à prendre avec des pincettes.
Par ailleurs, depuis 2005, le SPF Santé publique organise tous les deux ans une campagne sous le thème « Vous êtes en de bonnes mains », qui encourage le personnel soignant des hôpitaux à toujours respecter les règles d’hygiène des mains qui s’imposent lorsqu’ils s’occupent des patients.